par Laury-Anne Dourou Lopez
Bande dessinée paru le 1er septembre 2021 aux éditions Sarbacane.
L'une est aussi blonde, douce et rêveuse, que l'autre est brune, violente et en colère. La famille de l'une est aussi riche et équilibrée, que la famille de l'autre est brisée et dysfonctionnelle. Au collège, quand l'une est plongée corps et âme dans ses lectures ou dans l'écriture d'histoires merveilleuses, l'autre harcèle, insulte et frappe avec la Bande qui l'accepte car elle n'est pas une « vraie fille ». Tout les oppose. Tout sauf la falaise où elles se retrouvent chaque jour en cachette et le serment de sang qu'elles y ont fait de ne pas survivre à leurs 13 ans. Vendredi, avant midi, Astrid et Charlie sauteront-elles dans le vide ou sauront-elles faire face à leurs sentiments et sauter le pas qui les sépare ?
Les thématiques qui sont chères à l'auteure sont regroupées dans ce livre : l’adolescence en perdition, des relations humaines passionnées et conflictuelles et la quête d’identité. En sous-texte, un questionnement qui la taraude : comment grandir ?
Une introduction sans mot laissant ressentir une tension à la fois délicate et terrible,
Les sujets abordés sont ancrés dans l'actualité : le harcèlement à l’école et le mal être, en particulier celui des jeunes filles. La Falaise raconte Charlie et sa sexualité refoulée, sa relation conflictuelle à la mère, comme si son double blond devait s’effacer, jusqu’au à la dernière page de l’album.
Si tout concordait à donner un souffle tragique à la situation, la fin est surprenante de réalisme, de cette froide et grise brume qui enveloppe les jours tristes, mais laisse envisager un rayon de soleil pour la journée et l’avenir. C’est finalement cela qui ressort, l’impression de quelque chose de vécu, de brutal et pourtant familier.
Au premier abord, le style crayonné, relevant plus d'un album jeunesse que de la bande-dessinée traditionnelle, détonait et semblait en décalage avec le ton. Mais très vite, quand les couloirs du collège apparaissent, quand la maison de Charlie se dévoile, ce crayonné très simple paraît s’intensifier, s’ancrer dans les deux personnages, ingrates comme deux vraies adolescentes, mais brillantes, vivantes et éclatantes. Le style se révèle alors comme un pari, un choix bienvenu, un décalage qui porte la marque du roman graphique d’aujourd’hui, bien dans son temps et son thème.
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