Par Laury-Anne Dourou Lopez
"On passe son existence à croire qu'un jour tous nos espoirs se réaliseront, sauf à s'apercevoir ensuite que la vie est bien moins romantique qu'on ne le pense. Quelques fois, c'est vrai, les rêves frappent à notre porte, mais seulement si vous avez pris la peine de les inviter. Sinon, vous pouvez être sûr de passer votre soirée tout seul."
L'histoire se passe à Naples dans un quartier populaire de nos jours.
Cesare Annunziata a 77 ans et il vit dans la solitude depuis la mort de sa femme. Il a l'impression d'avoir raté sa vie. Les relations avec ses enfants sont compliquées et il ne fait rien pour que cela s'arrange car il est d'un naturel plutôt grincheux.
Sa fille Sveva, qui a réussi sa carrière en devenant avocate, ne le supporte pas, et son fils Dante qui possède une galerie d'art, ne lui avoue pas son homosexualité ce que Cesare regrette.
De plus il n'a su aimer ni sa femme, ni ses enfants comme il l'aurait voulu et n'a pas particulièrement réussi sa vie professionnelle ; il voulait devenir libraire, il a exercé en tant qu'expert-comptable toute sa vie. Cesare n'a plus vraiment de but et à l'heure du bilan se demande quelle a été sa vie, quels choix ont été décisifs ou non.
Il rompt sa solitude en nouant une relation privilégiée avec Rossana, une prostituée qu'il fréquente souvent. Puis un soir, le silence de son appartement est brisé par une très violente scène de ménage. Et Cesare ne tarde pas à comprendre que sa voisine Emma, se fait battre par son mari. La nouvelle fait vite le tour de l'immeuble. Aidé de ses deux compères du troisième âge, Madame Vitaglino, collectionneuse de chats, et, Marino, solitaire endurci, Cesare décide de secourir la jeune femme. Après avoir échafaudé les plans les plus rocambolesques, c'est finalement en se liant d'amitié avec Emma qu'il va tenter de la sortir des griffes de son époux. En venant à son secours, ce drame apparent se transformera pour lui en bouffée d'oxygène.
L'auteur a su conjuguer le ton grave et la légèreté à l'intérieur de ce roman en soulevant le problème de la solitude des personnes âgées et celui des femmes battues à travers une histoire qui se déroule dans une Naples grouillante de vie.
Une comédie à l'italienne sur la vieillesse et la solitude, mais aussi sur ces petits riens qui font que la vie vaut la peine d'être vécue. Profiter de l'instant présent, c'est ce que va apprendre Cesare au fil des pages.
Il est facile de se projeter auprès des personnages qui sont profondément attachants et nous donne envie, à nous aussi, de les aider. Bien que Cesare soit à première vue un être plutôt rebutant !
"Je ne suis pas le grand-père qui va chercher ses petits-enfants à l'école. D'ailleurs, la seule vue de ces pauvres petits vieux qui garent leur voiture près de l'établissement me donner des frissons."
D'original et égoïste qui n'a pas hésité pas à mentir à ses proches pour avoir son espace de liberté et à tromper plusieurs fois sa femme, Cesare se dévoile peu à peu et laisse entrevoir son humour et surtout, sa grande sensibilité.
Lorenzo Marone amène ici à se poser la question : et vous que faites-vous de votre vie ?
Un roman qui fait du bien, plein de poésie et d'espoir.
J'aime la lumière du ciel quand il n'y a plus de soleil... J'aime les gens qui ont la chance de croire en quelque chose... J'aime les nids d'hirondelles...J'aime l'odeur de braises... J'aime les adolescents qui s'embrassent sur un banc...J'aime le sourire de mes enfants... J'aime les gens qui se battent chaque jour pour être heureux.