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Le Coin des Critiques : Calpurnia

par Laury-Anne Dourou Lopez



Calpurnia Tate a onze ans. Dans la chaleur de l’été, elle s’interroge sur le comportement des animaux autour d’elle. Elle étudie les sauterelles, les lucioles, les fourmis, les opossums.

Aidée de son grand-père, un naturaliste fantasque et imprévisible, elle note dans son carnet d’observation tout ce qu’elle voit et se pose mille questions. Pourquoi, par exemple, les chiens ont-ils des sourcils ? Comment se fait-il que les grandes sauterelles soient jaunes, et les petites, vertes ? Et à quoi sert une bibliothèque si on n’y prête pas de livres ?

On est dans le comté de Caldwell, au Texas, en 1899. Tout en développant son esprit scientifique, Calpurnia partage avec son grand-père les enthousiasmes et les doutes quant à ses découvertes, elle affirme sa personnalité au milieu de ses six frères et se confronte aux difficultés d’être une jeune fille à l’aube du XXe siècle. Apprendre la cuisine, la couture et les bonnes manières, comme il se doit, ou se laisser porter par sa curiosité insatiable ? Et si la science pouvait ouvrir un chemin vers la liberté ?



L'histoire se développe sur plusieurs niveaux qui s'enchevêtrent. Nous pénétrons dans l'histoire des sud-américains, de la ruralité et des travailleurs noirs confrontés aux modernités d'un XXème siècle à la fois perturbant et prometteur.

Le destin de Calpurnia est tout tracé : se marier, faire des enfants, tenir une maison. Mais elle découvre, grâce à son grand père, qu'elle peut prendre un tout autre chemin. La figure du grand-père est originale, pas vraiment sage ni aidante. Il emmène Calpurnia avec lui sur les routes du savoir, sans s'opposer aux parents incompréhensifs qui voudraient qu'elle se préoccupe davantage du ménage. De fait, on devine que ce sera à Calpurnia de se battre et d'imposer sa liberté, et qu'elle n'y arrivera pas forcément. Un long chemin pour les droits des femmes reste à faire, la ravageuse guerre de 1914-1918 n'est pas encore passée par là : tout se passe comme si la petite narratrice ressentait et symbolisait l'aube d'une ère nouvelle.


Tout au long du roman nous revivons des événements marquants de son époque : l'arrivée du téléphone et le recrutement (très exigeant) de la jeune opératrice téléphonique, la première fois qu'elle voit une voiture à essence...

L’héroïne est attachante, tout comme son grand-père avant-gardiste, qui est un peu l’âme sœur de cette petite fille en quête d'indépendance dans un monde où les filles n'y ont pas droit.


L'oiseau s'arrêta au bord d'une fleur, puis il tourna et me vit. il voleta alors à mi-hauteur pendant une seconde, puis fonça sur moi. Je restai figée sur place. Il s'arrêta à quelques centimètres de mon visage et demeura suspendu là, si incroyable que cela paraisse ! Je sentais la vibration de l'air produite par ses ailes contre mon front, et mes yeux se fermèrent instinctivement. J'aurais tellement aimé les garder ouverts , mais c'était une réaction naturelle, et je ne pus m'empêcher de les fermer.

Un roman frai et chaleureux à la fois, où l'on redevient à travers les yeux de l'héroïne un enfant curieux assoiffé de découvertes. Une belle petite aventure à lire sous un arbre au printemps !

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